Nadia Atia ( Belgium, Morocco )
Nadia Atia was born in Berkane, a city in Northeastern Morocco, and considered the capital of the citrus fruit industry. In representation of this, there is a large statue of a clementine located in the city centre.
After having excelled in several diplomas in institutes and universities both in her home town, Casablanca and in Barcelona, Nadia followed an inner voice. Nadia knew that her life meant two things in particular: i) to create a family and, ii) to have a decent job. To add to this, she was aware that there was a third element. iii) You should identify where you can make the difference in society by taking responsibility for others outside your own small circle.
At the age of 24 Nadia became involved as a volunteer. She started to offer her experience to multiple associations. Her natural sensitivity guided her to an entirely neglected area: people with mental issues. Therefore, she created the NGO “Badr” which places the emphasis on mentally disabled citizens, especially children.
Nadia started with six mentally disabled children, hosted in modest premises. Now, over the years, the structure welcomes 150 children and adolescents – 40% of those children are girls. In its growth, there is a a new spacious centre now well-equipped, involving qualified educational and administrative staff.
From the very beginning, Nadia’s main aim was to overcome a reality based on stereotypes and misconceptions. In her home town (at that time quite conservative), the destiny of those children was gloomy. Being handicapped often meant being isolated and hidden away from the entire outside world. Her aim was to create – together with those children and their families – an environment and a facility in which they could live in dignity and develop their special abilities.
As Nadia once said: “My dream is to contribute to improve the daily lives of these children and to see them enjoy all their fundamental rights.”
In addition to the fight against prejudices and discrimination, another objective Nadia embraced is to alleviate the financial, social and psychological burden of the concerned families -. Therefore, she regularly organises open door days to allow the inhabitants of the city to meet those children with specific needs, to discover the bakery and pastry shop within the centre and to learn more about the services and the individual educational programs that are provided for the children.
During the Covid pandemic, she helped children with chronic diseases and those in peri-urban and rural areas by providing them with computer tablets to continue their distance learning.
To reach all those aims, Nadia was supported by several ministries in Morocco (Ministry of Solidarity, Social Inclusion and Family, Ministry of Health, Ministry of Education).
International bodies contributed as well: development agencies from Belgium, Germany and Italy. The European Union carried out a two-year project on the training and supervision of educators, and there is a continuation planned concerning vocational training.
Nadia knew right from the startthat she had to develop a model which would involve a humanistic and respectful approach. If such model was to work in practice, it may be duplicated in other places of the country.
Her successful work with its humanistic approach became well known, and as such, other people have followed her example. The number of similar NGOs doubled and now finally tripled.
One result of this development and success was change in the official policy of the country towards disabled persons and in turn, Nadia was asked to become a member of the Committee of the National Initiative for Human Development (INDH).
It was to no one’s great surprise that Nadia was voted President of the national union of associations working on mental disability. As she understood that disability often boils down to a financially precarious situation, she became vice-president of the regional network for the fight against precariousness.
During those years Nadia was supported by her husband, a surgeon, and she too became mother of three children. Currently her two oldest daughters are active in the medical field as well.
In addition, Nadia became passionate about painting and horse riding and also developed her professional career. She currently works as a manager in a multidisciplinary clinic. In addition to this, she created a real estate company and is also an import-export business manager.
With all of this in mind, it is not surprising that she was voted vice-president of the union of women entrepreneurs in the eastern region of Morocco.
According to her friends and colleagues, Nadia’s driving force is to show that everyone counts, that every person is able to play an active role in society and to contribute to something valuable, and that every person has a dignity which should be respected.
Following the hand-over of the award, Nadia Ata addressed the public with the following words:
Mesdames, Messieurs, Excellence, Chacun en son titre et sa qualité,
Laissez-moi commencer par vous exprimer toute ma gratitude à l’Union européenne de nous avoir accueilli et, aussi à toute ceux qui ont travaillé pour célébrer l’engagement « être leadership des femmes ».
Je suis fière et honorée de faire partie des femmes sélectionnées par le European Women’s Leadership, ce prix signifie beaucoup pour moi.
Je suis d’origine de Berkane, d’une petite ville, ma vie natale, ou j’ai appris que les premières valeurs humaines universelles sont le respect de l’autre, et la solidarité.
Au début des années 90, je me suis lancée dans le monde de l’entreprenariat, un monde que vous le savez, qui est fondé sur un mécanisme compétitif et concurrentiel – et pour gagner, il faut donc envahir le marché.
A un certain moment de ma vie, des réflexions commencent à m’intriguer, pourquoi ne pas redéfinir mes besoins et donner du sens humain au chemin de ma vie?!
Cette question des besoins est assez connue dans la psychologie: les besoins de Maslow – cette hiérarchie des besoins humain.
Pratiquement, comment réaliser le besoin de l’accomplissement, tout en aidant l’autre, qui est peut-être démuni ou en souffrance.
Dans cette petite ville Berkane, j’ai vu des situations d’extrême exclusion et de précarité – surtout pour des gens avec handicap mental ou confronté avec la pauvreté et le genre.
Des femmes, ayant un handicap mental, vivant isolées dans des foyers précaires, privées de la dignité et qui subissant des discriminations multiples.
Le pire,
- c’est d’être femme ayant un handicap mental ,
- ou mère d’enfant handicapé mental,
- d’être mère défavorisées d’enfants handicapés mentaux,
- d’être femme employées qui a quitté son emploi pour s’occuper de leurs enfants,
- d’être mère qui travaille comme auxiliaires de vie scolaire pour aider leurs enfants à l’école ou
- d’être une femme, qui a elle-même un handicap mental .
En 98, j’ai décidé donc – avec un groupe d’amis bénévoles (que je salue de cette place ici) – de briser la silence et de créer une communauté.
Une communauté solidaire et inclusive – pour vivre ensemble avec respect et dignité.
Le chemin était difficile.
Les premiers obstacles étaient
- comment convaincre les familles concerné,
- les responsables des services et
- le grand public.
Comment convaincre
- d’accepter la différence,
- d’inclure les personnes handicapées mentales à l’école,
- dans les quartiers,
- dans la vie sociale de la ville.
A cette époque, il y a presque 30 ans, il y avait un manque des services d’appui et d’accompagnement.
Il a fallu prendre l’initiative et créer une association à but non lucratif : association BADR POUR LES HANDICAPES MENTAUX.
Une association spécialisée dans l’inclusion des personnes à besoins spécifiques, notamment les personnes ayant un handicap mental.
Le handicap mental, la pauvreté, le genre, le combat était dur.
Apporter de l’aide urgente pour certaines familles, assurer l’appui psychologique, la réhabilitation fonctionnelle, la scolarisation et l’intégration professionnelle.
Les besoins et les attentes étaient – es sont – énormes.
Par quoi commencer?
Notre réflexion a été de trouver une solution locale.
C’était de construire un modèle social solidaire, un modèle fondé sur l’approche communautaire pour mobiliser les citoyen autours.
Un centre devrait être ouvert sur la vie de la société, offrir des services, de la réhabilitation et d’accompagnement et une inclusion sociale.
On a réussi.
En plus
- nous organisons des manifestations annuelles, notamment un marathon inclusif de la diversité, avec une participation massive des habitants,
- nous courons ensemble, pour effacer la stigmatisation et casser les idées stéréotypés,
- les filles et les femmes ayant un handicap mental qui courent avec joie et dignité.
Vite, on a remarqué: un centre ne suffit pas – il faudrait aussi sensibiliser pour intégrer le genre et le handicap dans l’agenda de développement local.
Nous nous avons basé sur un nouveau concept: « le design universel ».
C’est un concept de penser AVANT aux personnes ayant des difficultés et des troubles, bien avant, de planifier un projet ou fabriquer un appareil.
On a eu donc une série de rencontres avec les élus et les autorités de la ville pour penser aux accessibilités, aux dispositifs d’accueil et d’accompagnement des personnes ayant un handicap mental.
Après un longue parcours – je dois admettre: je suis fière aujourd’hui – les acteurs publics, les autorités, les communes et les services publics, eux ils intègrent la question du genre et handicap dans les plans et les budgets de la ville de Berkane.
Le Conseil de la région de l’Oriental, le conseil provincial, la préfecture de Berkane – tous ceux ont approuvé à l’unanimité
- la construction d’un centre de formation sur les métiers de la restauration et
- la construction d’un restaurant solidaire.
Deux structures, dans lesquelles la priorité sera donnée aux filles et aux femmes ayant un handicap mental.
Depuis 20 ans, j’ai compris que la question de l’exclusion des personnes handicapées mentales, c’est une question politique et transversale.
Et si on a pu agir localement, pour faciliter la participation LOCALE des personnes ayant un handicap mental dans la vie sociale, d’autres problèmes des personnes handicapées mentales se situent à un autre niveau.
Au niveau des politiques nationales et des lois,
- notamment la protection des victimes de la violence basée sur le handicap et le genre et
- la scolarisation des filles handicapées mentales.
A cet effet, et avec une vingtaine d’associations ayant les mêmes préoccupations sur la question du genre et du handicap, couvrant les 12 régions au Maroc, nous avons créé la première Union nationale des associations œuvrant dans le domaine du handicap mental au Maroc (UNAHM).
Le plaidoyer a pris une autre forme, on a présenté des mémorandums,
- aux ministres concernés par la question du genre et handicap mental,
- et aux parlementaires pour pouvoir interroger le gouvernement et changer les lois.
La crise liée à la COVID-19 a creusé les inégalités préexistantes, révélant l’ampleur de l’exclusion, cette crise a montré combien l’inclusion du handicap est indispensable.
Pendant le confinement généralisé, la situation des personnes handicapées mentales était criante.
Elles étaient exposées à un risque élevé de pauvreté, de violence, de négligence.
Pour éviter que leur situation s’aggrave, notre association a instauré une chaine d’appui humanitaire, et on a assuré les services de soins et d’éducation à distance.
A partir de l’année 2009, une nouvelle dynamique politique nous a conforté. Le Royaume du Maroc a ratifié la Convention internationale des droits des personnes handicapées et son protocole facultatif, et sans y mettre de réserve.
En 2011, un événement d’une grande teneur politique, il s’agit d’une nouvelle constitution, qui, dans son préambule, bannit toute forme de discrimination fondée sur le sexe ou le handicap et, dans son article 34, oblige les pouvoirs publics à élaborer des politiques et programmes de réhabilitation et d’inclusion sociale.
Si on a gagné aujourd’hui la reconnaissance des droits des personnes en situation de handicap,
- grâce à la volonté politique suprême du Royaume du Maroc, notamment Sa Majesté le Roi Mohammed 6,
- à travers la ratification de la Convention internationale des droits des personnes handicapées,
- la Constitution de 2011,
- la loi-cadre pour la protection et la promotions des droites en situation de handicap.
Demain, mardi 7 mars, à la chambre des conseillers du parlement marocain, se tient une réunion du comité spécial, constitué pour évaluer l’état des lieux des conditions des personnes en situation de handicap, l’UNAHM que je préside, est invitée pour y intervenir et présenter ses recommandations.
« Il n’y a qu’une chose qui puisse rendre un rêve impossible, c’est la peur d’échouer ».
Merci pour votre aimable attention
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