Martine Moïse (Haiti)
Martine Moïse was born in Port-au-Prince, the capital of Haiti. She studied foreign languages at the Quisqueya University and married her classmate Jovenel Moïse. Together they left the capital, settled in Port-de-Paix to develop rural areas.
Together they started a ten hectares organic banana production, were involved in the setting up of a drinking water plant and Haiti’s first agricultural free trade zone.
The unstable and difficult political, economic and social situation in the country convinced the couple that he (based on his entrepreneurial and agricultural experience) has to enter politics. Nicknamed «banana man», he became President of the centre-right party «Tèt Kale». Martine supported his decision to stand as presidential candidate. Together, they promoted bio-ecological agriculture, universal education, health care, energy reform, rule of law, sustainable jobs, environmental protection, and the development of Haiti as a destination for ecotourism and agritourism.
After different elections, he was finally sworn-in 2017 as the country’s President and Martine became the First Lady. With her experience as entrepreneur, she used her new function to become a defender of human rights: education, health, gender equity and human trafficking. She assisted in the development of numerous hospitals and health centres, with particular attention to obstetric and neonatal care services as well in facilitating the care of children and pregnant women in difficulty. She also fought against violence against women and girls and became the President of the multisector coordination mechanism of the «Global Fund» for the treatment and eradication of HIV-AIDS, Tuberculosis and Malaria.
At the beginning of every academic year, she was arranging the distribution of school kits and shoes.
She created a foundation offering services to the most disadvantaged by (among others) setting-up projects, particularly in the field of crafts and organised a women’s production fair to provide a sales and visibility platform for female producers.
In cooperation with Fashion 4 Development, she created an international window for Haitian designers, artists, artisans and chefs by facilitating their participation in New York in an artistic exhibition during the General Assembly of the United Nations.
She empowered young people by organising training seminars on leadership, citizenship, personal development, sexual and reproductive health and first aid care.
She launched a program to protect mountainous areas by re-forestation.
To revive the coffee tradition, she set up a programme to plant two million coffee seedlings of different varieties.
On the night of 6 to 7 July 2021, she experienced the worst nightmare of her life. Their private residence was attacked by armed men, who killed her husband. With 22 bullets in her body, she survived – but her right hand will even after several surgical operations stay paralysed.
This event has not diminished her energy and determination.
Only six weeks later, the Hurricane Grace hit the country in the same time as an earthquake. Besides the more than two thousand killed and twelve thousand injured, an estimated 650,000 people were in need of assistance.
Martine, still convalescent, provided via her political structure «Gwoupman Angaje pou Demokrasi» assistance to the victims of the earthquake and the hurricane.
Since then, one of her key projects are training programs in Cité Soleil in non-formal basic education and training in creative arts.
Nevertheless, Martine continues to lead the fight that the jurisdiction will lead to concrete results to identify and punish the responsible of the attack. Despite her sorrow, she is considered in her country – and beyond – as a voice for peace, reconciliation, solidarity, social justice – and justice for the Haitian people.
Following the hand-over of the award, Martine Moïse addressed the public with the following words:
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Je remercie le comité du European Women’s International Leadership Award de m’avoir choisi avec sept autres femmes extraordinaires à travers le monde qui ont marqué l’année. A vous mesdames je dis Félicitations !!!
Nombreuses sont les femmes du milieu rural haïtien qui m’ont enseigné la résilience, le courage et le travail assidu qui méritent ce prix. Je l’accepte en leur nom. Merci!
Quand la pandémie a frappé, ce sont les pays en voie de développement qui ont été les plus affectés. Au premier mois de la pandémie les femmes travaillant dans l’informel ont perdu 80% de leur revenu à cause des fermetures. Imaginez-vous la catastrophe et l’impact sur les ménages, quand on sait qu’il y a au moins 740 millions de femmes qui travaillent dans l’économie informelle ? En Haïti l’effet était dévastateur. Les décideurs de l’époque avaient initié comme réponse immédiate, un maximum d’investissements dans les programmes sociaux, ce pour répondre aux besoins des plus vulnérables.
La pandémie a laissé près de 100 millions d’enfants dans la pauvreté. D’ici 2030 sur chaque 100 hommes vivant dans la pauvreté, le nombre de femmes sera de 121.
Plus que jamais les femmes et les enfants du monde terriblement affectés par la pandémie ont vraiment besoin de votre engagement, vous femmes leaders présentes ici, pour récupérer ce qu’ils ont perdu et pour construire un avenir meilleur.
Il y a vingt mois le Président d’Haïti, Jovenel Moïse a été lâchement assassiné en sa résidence pour ses idées et parce qu’il défendait les intérêts nationaux. Puisqu’il refusait de se laisser corrompre à partir de contrat juteux, il a été traité d’arrogant et son arrogance lui a coûté la vie.
Toujours à ses côtés, j’ai reçu plusieurs balles des assassins qui m’ont laissé pour morte. Un miracle de Dieu m’a donné la vie même si la mobilité au niveau de la main droite a été réduite.
Depuis lors, malgré les menaces et les blocages, je me bats pour la justice, le rétablissement de la paix et de l’ordre constitutionnel dans mon pays. Je frappe à toutes le portes jusqu’à laquelle qui s’ouvre. Je cesserai de demander justice des que la Justice sera faite s’agissant de mon Président, de mon cher époux.
Femmes leaders du monde présentes à cette cérémonie, je fais appel à vos capacités et votre leadership pour accompagner les femmes, les enfants du monde, ceux d’Haïti à travers l’élaboration et l’exécution de stratégies pratiques capables d’aider les plus affectés et les laisser pour compte.
Pour élaborer ces stratégies, il nous faut ensemble poser des questions afin de trouver des réponses appropriées:
• Pourquoi malgré les trillions de dollars investis au cours des décennies précédentes, beaucoup de pays ont eu bien du mal à gérer la pandémie du coronavirus?
• Comment répondre durant la prochaine décennie aux besoins des pays en voie développement qui ont été les plus affectés par la pandémie ?
• Comment aider les femmes qui ont perdu plus de 800 milliards de revenus et aider les millions d’enfants dont l’éducation a été affecté?
• Comment combattre le racisme systémique qui fait que les découvertes médicales bénéficient d’abord et dans beaucoup de cas seulement les plus fortunés?
Les moins fortunés auront-ils accès aux médicaments futurs contre le cancer, Alzheimer etc.?
• La majeur partie des pays en voie de développement ont comme priorités les infrastructures, la construction d’hôpitaux, les investissements au niveau de l’agriculture pour pouvoir nourrir la population etc.. Comment vont-ils bénéficier des fonds venant de l’aide au développement si les priorités du COPS28 par exemple ne sont pas partages? Comment demander à un paysan de préserver la nature s’il doit couper l’arbre pour faire du charbon qui lui permettra de nourrir sa famille ou de payer les frais de santé de ses enfants?
• Comment aborder la question de la dette et du financement ?
• Comment progresser quand les ambitions démesurées de certaines élites globalistes corrompues menacent les fondements mêmes de l’état démocratiques et les acquis du marché libre. Haïti avait dit non! Le Président Jovenel Moise a été lâchement assassiné et le pays est en train de subir les conséquences. Qui sera la prochaine victime ?
• En 2004 une seule zone de la capitale faisait face à la violence des gangs armes. Aujourd’hui pas un quartier de la Capitale, Port au Prince n’est épargné. Comment en sommes-nous arrivés là ?
La mission militaire des Nations Unies en Haïti de 2004 à 2017 nous a laissé un gout amer avec la propagation du choléra, les viols des soldats sur les hommes, les femmes et les mineurs. Le cholera a tué 11,000 personnes et toutes ces familles attendent encore le dédommagement promis.
Pour nous en sortir, il est important de renforcer la Police nationale et l’armée avec du matériel, des armes, des munitions et une formation technique.
Comme l’Ukraine, nous avons besoin de cette assistance technique et des armes pour démanteler les gangs.
Je fais appel à vous pour m’aider dans le combat pour la justice, le rétablissement de la paix et le retour à l’ordre constitutionnel.
Depuis le 19 Juillet 2021 l’Etat haïtien a adressé une requête au Secrétaire Général des Nations Unies M. Antonio Gutteres pour la mise en place d’un tribunal spécial international pour enquêter sur l’assassinat du Président Jovenel Moïse comme cela a été fait après l’assassinat du Premier Ministre du Liban Rafiq Hariri. Vingt mois après, rien.
Haïti a besoin que vous l’aidiez à faire le plaidoyer pour la mise en place de ce tribunal spécial international. Les Droits de l’Homme en dépendent, la quête de Justice pour le President Jovenel Moise en dépend.
J’ai porté plainte contre l’actuel Premier Ministre d’Haïti Ariel Henry pour son implication présumé dans l’assassinat du Président Jovenel Moïse. Pour garder le pouvoir, il a limogé le Ministre de la Justice ainsi que le procureur qui travaillait sur le dossier. Craignant pour leur vie, ils ont tous deux fui le pays, vingt mois après les obstructions à la justice et se multiplient. Haïti a besoin que vous l’aidiez à faire le plaidoyer pour la mise en place de ce tribunal spécial international.
Femmes leaders, ce monde turbulent a besoin de votre sagesse, de votre détermination, de votre courage et de cette sensibilité humaine qui n’a pas d’égale.
L’avenir du monde dépend de vous. Haïti, la première république Nègre du monde victime aujourd’hui encore du racisme systémique, a besoin que vous l’aidiez à faire son plaidoyer.
A nouveau je remercie les membres fondateurs et organisateurs du European International leadership Award et présente mes compliments aux sept autres femmes leaders honorées aujourd’hui.
Je dis Bonne fêtes a toutes les femmes haïtiennes et leur rappelle que ce prix d’aujourd’hui leur appartient. Nous devons, elles et moi, continuer à nous battre pour que le pays retrouve sa paix et sa réputation de la mère des libertés. Souvent on oublie le rôle joué par Haïti qui a contribué à l’indépendance de nombreux pays et la liberté. Ceci est bien décrit dans le livre « Quand la révolution, aux Amériques, était nègre … ».
Ensemble nous pouvons faire des miracles, nous pouvons pousser des montagnes. Les jours sont difficiles mais avec persévérance nous aurons le dernier mot.
Femmes leaders, le travail que nous faisons chacun de notre côté doit continuer à impacté le monde. Nous sommes femmes, mères, nous sommes chacune un pilier dans notre société. Continuons nos combats pour qu’ensemble nous fassions du monde un endroit où il fait bon vivre.
Merci !!!